Orléans Bach Festival
du 26 mars au 4 avril 2024
Mercredi 27 mars 2024, 19h30
Temple d’Orléans, place St-Pierre-Empont
« Purcell, des semis d’opéras !»
Lucille Richardot, mezzo soprano
Jean-Luc Ho, orgue
Henry Purcell est l’un des compositeurs anglais les plus connus et les plus adulés encore de nos jours, et à juste titre : des trouvailles harmoniques, des audaces d’écriture toujours neuves pour nos oreilles modernes, et des airs popularisés par le cinéma et les reprises d’artistes plutôt étiquetés « variété ».
Purcell, génie fauché beaucoup trop tôt, à l’âge de 36 ans, est le père de l’opéra à la mode british, avec comme titre emblématique son célèbre Didon et Enée. Mais une foule d’œuvres théâtrales et lyriques pas complètement opératiques l’entourent, encore à la frontière du « masque » anglais, tenant davantage des intermèdes de pièces de théâtre ou de la comédie-ballet telle qu’on la trouve à la fin du XVIIe siècle en France. Parmi ces « semi-opéras », ce programme convie à une plongée dans quelques célèbres extraits de Œdipus, Dioclesian, Pausanias, Tyrannick Love, Timon of Athens, The Fairy Queen, de Didon et Enée évidemment, mais aussi dans le répertoire des « songs » publiés dans les deux recueils intitulés Orpheus Britannicus, mais aussi à la découverte de plus rares pépites venues tout droit de ses célèbres Odes à Sainte-Cécile (Hail, bright Cecilia! et Come, Ye sons of Art).
Tantôt intimes, plaintives, lyriques, badines ou déclamatoires, ces pages vocales judicieusement choisies sont serties par des pages instrumentales mises en valeur par les timbres chatoyants et variés de l’orgue, qui se fait orchestre sous les doigts de Jean-Luc Ho : le tonitruant New Irish Tune, « hornpipe » aux accents forcément irlandais, les couleurs mystérieuses du Curtain tune (qui signifie littéralement un changement de décor, « air de rideau »…), les mouvements de danses, la délicatesse du jeu luthé…
Quand l’instrument et deux interprètes habités se font mise en scène et décor, c’est toute la palette du génie dramatique de l’Orphée Britannique qui se reconstitue dans un parcours amoureux, des doux émois aux joies du mariage, en passant par le doute, l’effroi, le dépit, la trahison, l’abandon, la mort tragique, la consolation, et finalement la légèreté, plus détachée des querelles du monde, qui confine à la sensualité, voire à la grivoiserie…
© Igor Studio